Harcèlement ou surcharge de travail ? Quelles différences ?
Publié / Mis à jour le 10/06/2020 dans Dossiers Droit et Ressources humaines
Le mot « harcèlement » est entré dans langage commun, à tort : « je suis harcelé », « il m’a harcelé »…Ce mot est parfois banalisé et n’est pas forcément utilisé à bon escient.
Il arrive même qu’une nouvelle demande de votre manager vous semble être tournée contre vous. Vous vous sentez visé ou dans le collimateur de votre responsable.
Comment faire la différence entre du harcèlement ou un acte de gestion normal de la part de votre manager ? Il y a souvent confusion, et les salariés ne savent pas toujours faire la part des choses.
Exemples de cas où il ne s’agit pas de harcèlement
- Le contexte où vous avez du travail supplémentaire suite à la signature de nouveaux contrats, nouvelles commandes, ou pour répondre à une urgence…Votre employeur vous sollicite plus longtemps au travail, vous avez une surcharge de travail, plus que d’habitude. Vous vous sentez débordé.
Il ne s’agit pas de harcèlement surtout si votre surcharge de travail est ponctuelle. Il arrive qu’exceptionnellement votre employeur vous sollicite plus qu’à l’ordinaire, cela ne veut pas dire qu’il ait une dent contre vous mais juste un peu plus besoin de vos services. Une surcharge de travail ne signifie pas forcément un abus surtout si dans votre entreprise, objectivement, vous remarquez plus d’activité.
- Le contexte où vous êtes en conflit avec votre manager qui n’est pas d’accord avec vous et vous le fait savoir. Il vous dit que vous avez tort, vos méthodes de travail ne sont pas les bonnes, vous manquez de précision ou de rigueur. Vous n’en faites pas assez ou vous n’allez pas assez loin, vous exagérez ou vous abusez….
Il ne s’agit pas d’une agression, mais de confrontation, de désaccord, ou d’incompatibilité d’humeur. Il est normal que votre collaborateur ait des reproches à vous faire, de temps à autre. On ne peut pas toujours être d’accord sur tout. Parfois, des avis contraires permettent d’améliorer ou d’enrichir un concept ou une idée. La divergence entre votre vision des choses et celle de votre supérieur n’est pas forcément négative, mais peut, au contraire, apporter une nouvelle façon d’envisager un problème.
- Le contexte dans lequel vous vous sentez infantilisé, surveillé, contrôlé sans cesse par votre manager. Il relit vos mails avant envoi aux clients, repasse après votre ouvrage pour modifier tel ou tel aspect. Il vous demande de dépointer à chaque pose ou de le prévenir chaque fois que vous entrez en rendez-vous…
Il ne s’agit pas de harcèlement, il ne faut pas tout confondre. C’est le rôle du manager de contrôler le travail de ses collaborateurs et d’assurer le suivi des travaux effectués par les uns et par les autres. Un manager doit pouvoir s’assurer d’un travail bien fait et rectifier le tir si nécessaire. Votre manager doit lui-même rendre des comptes à sa direction, il est donc normal qu’il fasse preuve de diligence et de rigueur en étant sur le terrain et plus exactement en voulant s’assurer que tout soit au top. Dans le code du travail, on évoque le lien de subordination lorsqu’il s’agit du travail salarié. La surveillance au travail par le manager implique ce lien.
- Le contexte dans lequel vous êtes recadré par votre manager. Il vous reproche des erreurs que vous auriez commises, des oublis, un travail bâclé, un rendez-vous manqué ou un client mal accueilli…
Il ne s’agit pas de harcèlement, votre responsable est en droit d’évaluer votre travail et de le dire clairement lorsque ce dernier ne lui convient pas. Il est de son devoir de vous recadrer et de critiquer un travail mal fait. Bien entendu, la critique doit être objective, il critique un travail pas votre personne, sinon ce serait un règlement de compte. Tant que la critique reste professionnelle et constructive, vous devez l’assumer, et en discuter avec votre manager pour envisager la suite. Si votre manager vous convie pour un entretien et vous fait des reproches ou des remarques justifiés cela ne constitue pas du harcèlement.
De même lorsque votre employeur vous envoie un avertissement par courrier recommandé, vous reprochant un fait avéré, il s’agit du pouvoir disciplinaire de l’employeur, non de harcèlement.
- Le contexte dans lequel votre employeur réalise des économies sur le matériel, compte le nombre de stylos, limite le nombre des photocopies, vous fait payer le café, dépense le strict minimum…
Il ne s’agit pas d’un acharnement. Il est normal que votre manager optimise le budget que l’employeur lui a alloué et le gère au mieux. La dépense est un poste comptable où les managers sont particulièrement attendus pour leur bonne ou mauvaise gestion. Les temps sont durs et vouloir réaliser des économies est légitime. Bien entendu, il ne faut pas que ces économies se fassent sur le dos des salariés et sur leurs conditions de travail, mais en dehors de ces cas, le manager peut viser l’efficacité et non le confort.